ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 454 - 15/04/2003

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Ouganda
Le lac Victoria


ECOLOGIE


L’Afrique de l’Est soutient un développement économique durable dans le bassin du lac Victoria

Trois pays de l’Afrique de l’Est: Kenya, Tanzanie et Ouganda, ont lancé en juillet 1997 le LVEMP — Projet pour la gestion de l’environnement du lac Victoria. Son but est de faire face aux menaces qui pèsent sur le développement environnemental et social dans le bassin du lac Victoria. Les ressources naturelles du bassin, d’une valeur annuelle d’environ $5 milliards, subviennent aux besoins d’une population estimée à 30 millions de personnes qui y vivent et à des millions d’autres.

Les gouvernements de ces trois pays qui se partagent le lac Victoria ont signé le 5 août 1994 un accord, premier pas vers le LVEMP, en vue d’assurer «un écosystème stable du lac Victoria, capable de subvenir aux besoins de nourriture, de revenus, d’une eau saine, d’emplois, d’un environnement à l’abri des maladies, et d’une réserve de biodiversité».

Le LVEMP est financé pendant 5 ans par un fonds de l’Association internationale pour le développement (IDA) et par le Fonds pour l’environnement mondial (GEF), via la Banque mondiale, pour un total de $70 millions pour les trois pays riverains: 24,3 millions de dollars pour le Kenya, 20,4 pour la Tanzanie, et 25,3 pour l’Ouganda.

Les avantages

Depuis son lancement, il y a 5 ans, les pays ont déjà commencé àengranger des bénéfices. On a créé des données informatives de base; on a trouvé des moyens humains et institutionnels pour l’avenir; on a lancé des projets pilotes pour tester des mesures de gestion environnementale durable; et on a déjà mis en œuvre des mesures de gestion ayant fait leur preuve pour un plus grand rendement socio-économique et environnemental dans le bassin.

La gestion des pêcheries

En Ouganda, le LVEMP a été appliqué en neuf domaines: la gestion des pêcheries; la recherche dans les pêcheries; le contrôle de la qualité et de la quantité de l’eau; le contrôle de la jacinthe d’eau; la gestion de l’utilisation de la terre; la gestion des marais; le Projet pilote de captage et de boisement (CAPP); la gestion des déchets industriels et des municipalités; et l’aide au département de la Zoologie à l’université de Makerere. Pour ces neuf domaines, on a rassemblé des données sur les menaces à affronter et la planification de l’action.

La Gestion des pêcheries est dirigée par le Département des ressources de l’industrie de la pêche, coordonné par Dick Nyeko, commissaire des pêcheries au ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et des Pêcheries. Nyeko a expliqué que, dans la 3ème année du projet, on a lancé une étude pour développer un système de taxation sur le poisson. Les taxes ainsi récoltées seront réunies dans un fonds qui devra servir à financer la gestion des pêcheries. Le système doit encore être testé et mis à exécution; mais, souligne Nyeko, l’important c’est que les directeurs des pêcheries aient bien compris le système.

La recherche est dirigée par l’Institut de la recherche des ressources de la pêche (FRRI) sous la coordination du Dr J.Balirwa, directeur de l’institut. Selon lui, l’estimation du stock de poissons du lac Victoria a été complétée et on dispose d’l’informations sur les types, la taille, la structure, la distribution, la densité et l’importance commerciale des différentes espèces. Des recommandations ont été faites pour le contrôle de la pêche, l’équipement et les méthodes. Ont été étudiées les caractéristiques des espèces de poissons les plus importants. Pour la perche du Nil en particulier, on a adopté des recommandations spécifiques pour une bonne gestion.

La qualité de l’eau

Le secteur du contrôle de la qualité et quantité de l’eau — dirigé par le Département de la gestion des ressources d’eau (WRMD) au ministère de l’Eau, des Terres et de l’Environnement — est coordonné par son commissaire Nsubuga Senfuma. Ce secteur est chargé de contrôler les paramètres qui pourraient causer des dégradations à la qualité de l’eau du lac Victoria. Il en recherche les causes, les processus et les chemins empruntés par les polluants pour atteindre les eaux du lac, indique Nsubuga. L’organisme a développé un modèle de qualité de l’eau, qui aidera à prendre les décisions pour la gestion et la conservation appropriée de l’écosystème du lac. Ceci, dans le but d’assurer une eau de bonne qualité et en quantité suffisante pour la production de l’énergie, l’irrigation et les autres activités économiques.

La jacinthe d’eau

L’unité administrative pour la jacinthe d’eau, du département des ressources de la pêche, au ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche, est chargée de ce secteur spécifique, sous la direction de l’ingénieur B.N.K. Wadda. Cette unité se préoccupe de la prolifération de la jacinthe, pour en arrêter les effets nuisibles pour l’environnement et les activités socio-économiques dans le lac. Selon Wadda, une approche intégrée, comprenant des méthodes manuelles, mécaniques et biologiques, avec la participation des habitants, a aidé à contrôler effectivement cette plante. Dans les cinq dernières années on a pu réduire de 85% les plantes qui couvraient le lac.

Les objectifs du LVEMP

Selon le Dr F.L. Orach-Meza, secrétaire exécutif national du LVEMP pour l’Ouganda, ce projet a été initié en 1992 pour répondre à la dégradation évidente de l’environnement, causée par les différentes activités socio-économiques des habitants du bassin. L’initiative a été prise après la CNUED 1992 (Conférence des Nations unies sur l’environnement et le développement, également connue sous le nom de Sommet de la terre) de Rio de Janeiro (Brésil), et dont l’Agenda 21 (guide de mise en oeuvre du développement durable pour le 21ème siècle) a influencé l’approche utilisée pour planifier le LVEMP.

Les menaces constantes pour le développement environnemental et socio-économique dans le bassin comprenaient notamment l’érosion du sol, l’afflux de substances nutritives et de sédiments, la destruction des marais, des pratiques agraires inappropriées, le ramassage insuffisant des détritus industriels et municipaux et leur traitement, le déboisement, des pratiques de pêche destructives et l’eutrophisation, a indiqué le Dr Orach-Meza.

Sous le slogan “Pour un maximum de revenus durables”, le LVEM est un vaste programme régional pour la protection du lac Victoria et de son bassin, et son développement socio-économique et environnemental durable.

Ses objectifs: a) maximaliser des revenus durables pour les communautés riveraines, en se servant des ressources pour la production de nourriture et d’emploi, pour l’alimentation en eau saine et la sauvegarde d’un environnement à l’abri des maladies; b) conserver la biodiversité et les ressources génétiques pour le bien-être de la communauté riveraine et mondiale; c) harmoniser les programmes de la gestion régionale et nationale, en vue d’arrêter le plus vite possible la dégradation des eaux du lac; d) favoriser la coopération régionale.

Le Dr Orach-Meza note qu’avant de pouvoir réaliser ces objectifs, il a d’abord fallu surpasser les difficultés suivantes: une information de base insuffisante sur les menaces qui ont été observées; un savoir-faire humain et institutionnel insuffisant; le manque de mesures de gestion appropriées et testées qui pourraient être adoptées. Dans sa phase initiale, le LVEMP s’est donc efforcé d’éliminer ces obstacles.

L’organisation

L’accord tripartite a prévu l’établissement d’arrangements institutionnels au niveau national et régional. La mise en œuvre des projets se fait par les institutions nationales concernées et les départements gouvernementaux, et est coordonnée par les secrétariats nationaux du LVEMP. On a établi à Dar es-Salaam, en Tanzanie, un secrétariat régional chargé d’assurer l’uniformité d’une approche commune, coordonner toutes les réunions et activités régionales, et suivre l’harmonisation des politiques.

Dans chaque pays, le secrétariat national assure un contact continu et un bureau central pour informer les donateurs et les agences qui soutiennent le projet. Dirigé par le secrétaire exécutif national, il est responsable de la coordination et des activités du LVEMP, du contrôle général et des rapports sur la mise en œuvre des décisions prises. Il est aussi responsable des procédures des recettes et dépenses vis-à-vis de l’IDA, le GEF et les gouvernements respectifs.

Le Comité de direction et de politique régionale (RPSC) est l’organisme central du projet, responsable de la politique, des règles et des niveaux de conformité dans les pays riverains. Il doit aussi assurer le fonctionnement de la coordination régionale. Trois secrétariats permanents, responsables des ressources naturelles, de l’environnement et de l’eau, représentent chaque pays. Chacun des trois Etats membres prend à tour de rôle la direction générale.

Le Comité de mise en œuvre du projet (PIC) est responsable du contrôle du progrès matériel et financier de toutes les activités. Il se compose de tous les coordinateurs de chaque secteur et est présidé par le secrétaire exécutif national. Par ailleurs, des comités de direction de la jacinthe d’eau, responsables du contrôle et de la gestion de cette plante, ont été établis dans chaque pays.

Une équipe internationale de scientifiques, nommés par le RPSC sert d’organe consultatif pour les études scientifiques faites sur le lac. Il comprend sept membres, dont six viennent des trois pays et un est choisi par la Banque mondiale. Ils se réunissent chaque année pour analyser les problèmes scientifiques découlant de l’exécution du projet. Ils tiennent à jour un inventaire des recherches se rapportant aux programmes LVEMP, aident à identifier des possibilités de formation internationale pour des chercheurs venant des pays riverains, et donnent des conseils pour des problèmes spécifiques du projet.

Selon le Dr Orach-Meza, le LVEMP favorise l’harmonisation des relations entre l’économie et l’environnement. Il crée aussi des liens entre les programmes concernant l’allégement de la pauvreté, le bien-être social, la réduction de la vulnérabilité aux catastrophes naturelles, la sécurité à long terme, la croissance économique, la santé, les écosystèmes et les ressources naturelles de base. Il favorise le partenariat entre les différents secteurs, les agences et les gouvernements pour le développement du bassin du lac.


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