ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 454 - 15/04/2003

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 Congo-Brazza
La guerre du Pool s’arrêtera t-elle enfin?


TENSIONS


 Le calvaire des populations du Pool continue.
Le 17 mars à Brazzaville, gouvernement et rebelles ninjas se sont mis d’accord
sur l’arrêt des combats dans le Pool, 
avec la promesse de recruter les ex-miliciens dans les forces de l’ordre
et de les amnistier.
 
Mais à Brazzaville le pessimisme est de mise

 Est-ce la fin de la rébellion dans le Pool? Le 17 mars dernier, le gouvernement congolais, représenté par M. Isidore Mvouba, et les rebelles ninjas de Bernard Kolelas, dirigés par le Pasteur Ntoumi et représentés par M. Mahoulouba, se sont engagés de nouveau à mettre un terme à la guerre qui ensanglante le Pool depuis cinq ans. Leur présence dans les forêts proches de la capitale congolaise a toujours représenté une menace aux yeux du gouvernement de Brazzaville. «On ne compte plus le nombre de fois que les rebelles ont fait incursion tant au nord qu’au sud de la capitale, occasionnant des pertes humaines», se souvient un membre du Comité de suivi de la convention pour la paix et la reconstruction du Congo, lors de la cérémonie de cet engagement à Brazzaville. Les belligérants s’accordent à affirmer que cet engagement est la réaffirmation des accords de cessez-le-feu signés fin décembre 1999 à Brazzaville et à Pointe-Noire, et de la loi d’amnistie n. 21/99 du 20 décembre 1999 portant amnistie des faits de guerre découlant des guerres civiles de 1993-94, 1997 et 1998-99. Cette loi est étendue aux récents événements du 29 mars 2002, date du déclenchement des nouvelles hostilités dans le Pool.

De bonnes intentions

Le gouvernement congolais a laisser entendre qu’il s’engage à recruter les ex-combattants dans la force publique «dans la limite des disponibilités dégagées par le gouvernement et dans le respect des critères». D’autre part, pour les militaires de carrière qui ont combattu dans les rangs des rebelles ninjas, ils seront à la disposition de leurs corps d’origine respectifs, avec possibilité d’être affectés à l’intérieur du pays, a déclaré M. Isidore Mvouba.

Du coté des rebelles, la bonne volonté n’a pas manqué. Ils ont promis par la voix de leur représentant, M. Mahoulouba, de «ne créer aucune entrave à la réhabilitation de l’autorité de l’Etat dans le Pool». Au contraire, ils entendent favoriser la libre circulation des personnes et des biens et arrêter les hostilités, ramasser les armes encore détenues par de nombreux Ninjas et permettre enfin le redéploiement de la force publique dans le Pool. «Ceci permettra l’achèvement du processus électoral dans cette partie du pays». Car en raison de la guerre, le Pool n’a participé a aucune élection. Les rebelles demandent par ailleurs que le gouvernement garantisse la réinsertion socio-économique des nombreux jeunes dans la vie active.

Tout cela ne représente pour le moment que des bonnes intentions couchées sur du papier. L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) qui était le seul organisme qui travaillait au projet de ramassage des armes et la réinsertion des ex-combattants, a fermé ses portes depuis novembre 2002. Et pour cause: le Congo ne collabore pas. «Le Congo avait promis 500.000 dollars en guise de contribution à ce projet, mais rien n’a été fait, alors que des donateurs comme l’Union européenne, la Norvège, les Etats-Unis et le PNUD avaient tenu parole», révèle un ancien employé de l’OIM à Brazzaville. Sur les 15.000 ex-miliciens qui devaient être réinsérés fin 2002, 8.000 seulement ont pu l’être. Plus de 10.000 armes légères ont été ramassées.

A Brazzaville où l’on attend la fin définitive de la guerre suite à ce nouvel engagement, le pessimisme est de mise. «Il faut maintenant que le chef des rebelles, le pasteur Ntoumi, sorte de la forêt avec sa troupe et que le train et les camions circulent normalement dans le Pool. A ce moment-là, on sera convaincu que les engagements ont été pris de bonne foi», remarquent trois enseignants réfugiés à Brazzaville depuis avril 2002, originaires de Madzia, village situé le long du chemin de fer. Un sentiment presque général parmi tous les ressortissants du Pool, qui brûlent d’envie de rentrer chez eux.

Il faut signaler que, depuis 2002, plus de 400 jeunes Ninjas s’étaient rendus à la force publique dans la localité de Mindouli à plus de 150 km au sud de la capitale. Depuis lors, ils sont logés dans le bâtiment de l’ancienne Assemblée générale à Brazzaville. Oisifs, visiblement découragés, ces jeunes ne savent que faire dans la ville. Aucune action concrète pour leur réinsertion socio-économique n’a été entreprise à leur égard.

Autre motif de doute sur cet engagement: ce n’est pas la première fois que gouvernement et rebelles signent un tel document. Le cessez-le-feu signé fin 99 entre le gouvernement et les rebelles, avait pourtant donné espoir à cette région du Pool martyrisée. Les milliers des gens qui avaient fui la capitale et étaient retenus comme otages par les rebelles, avaient pu regagner la ville. Mais la paix n’a été que de courte durée. Des violations répétées du cessez-le-feu ont fini par relancer les hostilités.

Surtout depuis octobre 2002, alors que le gouvernement et les rebelles étaient en pourparlers. Sans succès, bien sûr. Le 18 novembre dernier, le président Sassou avait ordonné à la force publique l’ouverture d’un couloir humanitaire pour permettre aux Ninjas de sortir des forêts en leur promettant l’amnistie. Mais ces couloirs ont simplement été transformés en couloirs de la mort. Tous ceux qui tentaient de les emprunter étaient abattus. Et en décembre, le chef des rebelles, le pasteur Ntoumi, demandait à son tour un véritable dialogue. Il fut rejeté par le gouvernement, de même que la table ronde réclamée par l’opposition.


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